Qui, aujourd’hui, n’a pas entendu parler du « bien manger » ?
Qui ne sait pas que l’alimentation est importante pour être en bonne santé, pour un bon apprentissage, pour prévenir les cancers, pour réduire le risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer ?
Les mots « équilibre », « nutrition », « alimentation équilibrée », « fibres », « légumes », « vitamines » sont partout :
- sur les affiches publicitaires,
- dans les magazines,
- sur des bannières internet,
- sur les boites de raviolis ou les paquets de café,
- à la télévision, la radio,
On est inondé de messages autour de l’alimentation.
D’où viennent-ils ? De partout.
De la grand-mère, du voisin, des industries de l’agroalimentaire, des médecins, des instituteurs, des amis étrangers, du professeur de sport ou encore du charcutier au marché.
Chacun son discours, chacun ses idées, chacun son message et ses conseils.
On sait de plus en plus de choses, les progrès technologiques et scientifiques nous le permettent.
Mais on sait aussi trop de choses, et finalement on ne sait plus rien.
On en vient à manger avec son cerveau et non plus avec ses sens.
C’est la porte ouverte aux doutes, aux phobies alimentaires, aux peurs irraisonnées.
Finalement ce n’est pas à cause de ce que l’on mange qu’on devient malade, mais à cause des idées que l’on s’en fait !
Le cerveau de l’être humain du 21e siècle est inondé de messages vantant les bienfaits ou méfaits d’un tel aliment, proclamant la fréquence et la quantité avec laquelle il doit ou non le consommer, la façon de le cuisiner et les modes de préparation à proscrire, les enseignes où il est conseillé d’acheter et les fournisseurs à bannir…
Des messages aussi multiples que contradictoires. Chacun prétend détenir la vérité.
Un tel dit qu’il faut consommer de la viande pour ne pas avoir de carence en fer, un autre que la viande est responsable de la survenue du cancer du côlon.
On entend que la peau des légumes est gorgée de vitamines, mais ailleurs qu’elle est pleine de pesticides et de substances mauvaises pour l’organisme.
On prétend que le calcium du lait est indispensable à la solidité des os, mais aussi que ce lait provoquerait des cancers.
En plus, tout se passe comme si notre alimentation était garante de notre réussite, de notre bonheur, de notre bonne santé, de notre richesse.
On accorde à notre assiette mille pouvoirs
L’alimentation rendrait intelligent, beau, puissant…Le raccourci est rapidement fait entre le menu du déjeuner d’aujourd’hui et la survenue d’un cancer ou nos capacités intellectuelles.
Alors quels conseils suivre ?
Comment retrouver le bon sens, la liberté la simplicité dans l’acte de manger, qui après tout, devrait relever pour une grande part de l’instinct ?
Certains choisissent de se tourner vers un professionnel de santé, un diététicien, un médecin du sport ou encore un nutritionniste.
Très certainement, ceux-ci ne lui tiendront pas non plus le même discours. Il y a de quoi être perdu, voire devenir fou.
Un seul remède : retrouver le plaisir de manger
Non, aucun aliment n’est dangereux, aucun mode alimentaire n’est mortel. Il faut réapprivoiser ce que l’on a laissé très loin derrière nous : l’instinct et la simplicité.
Une seule solution : reprendre les bases d’une alimentation simple, comme on apprendrait l’alphabet d’une langue que l’on ne connait pas. Partir du plus simple, être logique, arrêter de se poser des questions à tort et à travers. Un seul objectif doit guider cette rééducation (car c’en est une) : retrouver le plaisir de manger.
Le mangeur d’aujourd’hui demande des informations simples qu’il puisse comprendre, mettre en pratique, sans que cela ne devienne une psychose.
Il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre. Il est avant tout question d’équilibre.
Plutôt que d’affoler ceux qui sont en quête de conseils,
Pourquoi ne pas d’abord écouter leurs demandes, leurs peurs, leurs inquiétudes, au lieu de les noyer sous une avalanche de conseils anxiogènes, contradictoires et impossibles à tenir ?
Chacun a besoin de réponses simples et non d’un modèle de conduite qui serait LA Vérité.
On n’a pas tous le temps de cuisiner. On n’a pas tous plaisir à aller au marché.
Un tel n’aimera pas le goût des carottes, un autre trouvera le jambon trop salé.
Pour une personne, il sera impossible de commencer la journée sans un bol de café et deux tartines, alors qu’une autre, malgré toute sa bonne volonté, ne pourra jamais rien avaler le matin.
IL n’y a pas UNE SEULE bonne ligne de conduite.
Certes, la physiologie de l’espèce humaine est une constante, mais les réponses et les conseils sont à adapter à chacun. Il n’y a pas de BONNE ni de MAUVAISE alimentation.
Depuis la préhistoire, nous mangeons un peu de tout. L’équilibre est l’écoute de soi sont ce qui a permis à notre espèce de survivre. Malheureusement, le[sp1] mangeur d’aujourd’hui est bien loin de cette spontanéité.
En tant que professionnels de santé, nous avons notre part de cette responsabilité dans cette cacophonie de règles alimentaires.
Arrêtons de transformer le patient en marionnette manipulée par des peurs infondées et des discours aberrants, basés sur des pseudos théories scientifiques.
Mettons-nous à sa hauteur, écoutons-le. Intégrons ses questions dans une approche coordonnée entre les différents professionnels de santé. Une approche qui considère le mangeur comme une être humain à part entière, dans sa globalité, et non comme une calculatrice de nutriments et de kilocalories ou un dictionnaire des bons et des mauvais aliments.
Acceptons de ne pas savoir, de tâtonner, et mettons-nous d’accord. Il nous faut apprendre à travailler en équipe, revenir à l’essentiel et à la simplicité.
C’est parce que je suis convaincue qu’une approche pluridisciplinaire de la nutrition, qui aurait comme priorité de simplifier les recommandations alimentaires, est indispensable aujourd’hui, que j’ai proposé ma collaboration au site Miamnutrition.
Je souhaite partager mon expérience de médecin avec d’autres professionnels de santé, avec un objectif partagé : proposer au mangeur d’aujourd’hui un programme simple, adapté, qui lui permette d’être en bonne santé et de se libérer de tous les diktats alimentaires.
Dr Pradère – Médecin thésé en Santé Publique